Les licenciements chez ING avec le responsable HR donneur d’opinion et les réactions des organisations syndicales montrent une nouvelle fois le désaccord criant entre ‘employeurs et travailleurs’.
Côté employeurs : « Les personnes qui ont un contrat bien payé se reposent sur leurs lauriers et n’orientent pas leur carrière sur le long terme. Nous vivons dans un monde de conditions de travail royales, de systèmes de licenciement rigides et d’indemnités de licenciement élevées. Les travailleurs sont enfermés dans une tour d’ivoire et ne perçoivent aucunes évolutions, aucun vieillissement de leur savoir, aucune inutilité de leur emploi. »
Les travailleurs sont des produits jetables?
Réaction côté travailleurs : « Les conditions de travail sont déterminées par le contexte économique. Les travailleurs sont des produits jetables que l’on tolère tant que l’entreprise peut tirer un profit important de leur travail et qu’elle ne trouve personne de moins cher. Les entreprises internationales augmentent la valeur de leurs actions en assainissant régulièrement les effectifs. Les CEO décrochent une belle prime annuelle. L’introduction de technologies innovantes est la bonne excuse pour licencier du personnel. »
Chaque médaille a deux côtés : l’avers (l’effigie) et le revers (monnaie). Pour l’employeur, le travailleur est un élément important – voire essentiel – du capital d’exploitation. Mais pour celui qui finance le capital, chaque cent qui va dans l’entreprise comme investissement est un cent de trop. Le capital doit générer du profit sur le chiffre d’affaires et des dividendes pour les actionnaires.
Le travailleur, par contre, sait que c’est l’employeur qui lui verse son revenu. Sans cet argent, impossible de vivre. Ce qu’il perçoit est toujours insuffisant par rapport à l’effort à fournir. Et le travail est une charge lourde dans la vie privée et sur la flexibilité de la vie. Le fossé entre les deux est indéniable. Mais j’aimerais souligner que cette contradiction n’a jamais été aussi prononcée aux abords. Lors des discussions entre les partenaires sociaux, tout le monde parle de ce qu’il faut ‘livrer’ et de ce qu’on ne peut conserver. Chacun reproche sa ‘perte’ à l’autre.
Une compensation raisonnable pour un travail spécifique
N’a-t-on jamais considéré ce que sont un ‘salaire pour le travail’ et un ‘salaire sur capital’ justes ?
Et comment résoudre le problème des revenus de celles et ceux qui – pour des raisons de santé, de connaissances ou autres – sont tombés du bateau ? Tenons-en nous à la vie économique et voyons uniquement le ‘salaire pour le travail’.
Combien d’entreprises (ou de travailleurs) peuvent calculer le coût salarial par rapport à leur rendement ? Quelle est la valeur ajoutée et la compensation raisonnable d’une personne pour son travail spécifique ? Du CEO au technicien de nettoyage ?
Nous sommes à l’aube de la révolution ‘big data’, mais je doute que cela puisse permettre de quantifier les normes et les applications du ‘juste vivre ensemble’. L’environnement est lié au développement durable, à l’approche cradle-to-cradle. Dans notre société, c’est la guerre ouverte : ‘Que pouvons-nous prendre à l’autre pour en avoir plus sous la casquette.’ Il ne s’agit même pas d’une tentative pour ‘avoir mieux’. Cela pourrait pourtant être une amorce vers la pensée durable. Qui commence ?
Ir. Alfons Calders