Une série d'interviews réalisée par Rockwell Automation avec des dirigeants des grands secteurs industriels a permis de dégager une vision intéressante de l'état de la transformation digitale dans l’industrie ainsi que de souligner les défis rencontrés.
La majorité des entreprises industrielles affirment avoir déjà atteint un stade avancé de cette transformation: 22% des entreprises ont mené à bien au moins une initiative; 15% travaillent sur leur implémentation, tandis que 21% travaillent sur une preuve de concept. Seulement 2% des entreprises indiquent avoir achevé tous les projets prévus et 42% des secteurs industriels sont encore en phase d’orientation et de planification.
La plupart des secteurs industriels sont désormais conscients de l’importance de cette transformation digitale. L’optimisation de l’efficacité opérationnelle - amélioration des marges, prise de décision et réaction plus rapide aux changements du marché - semble être le moteur principal dans presque tous les secteurs industriels. Soutenir les activités de marketing et de vente, accélérer l'innovation, accélérer l'introduction de nouveaux modèles commerciaux et l'intégration de la chaîne d'approvisionnement ont également été cités comme arguments.
Les obstacles majeurs à la transformation digitale sont la culture d'entreprise et la résistance à d'autres méthodes de travail. Lorsqu'on leur a demandé quels étaient les plus grands défis en matière d'organisation et de ressources, la pression lourde des processus de changement sur les ressources existantes a été principalement mentionnée, mais ont aussi été citées : l'intégration de nouvelles solutions informatiques dans les systèmes existants, le manque de connaissances et de compétences requises au sein de l'entreprise, la nécessité de développer une stratégie numérique et l'incertitude entourant le retour sur investissement.
Données et analytique
Pour les entreprises digitales et connectées, la disponibilité des données et une bonne analyse de celles-ci est particulièrement important. Selon les gestionnaires, les défis majeurs consistent essentiellement à assurer l’accessibilité des données dans tous les systèmes et à disposer de l'expertise appropriée afin de les utiliser de manière efficace. La disponibilité et l'accessibilité des données peuvent également être problématiques ; la conversion des données disponibles en formats utilisables et la sécurité des données suscitent bien des préoccupations. Parallèlement, il est frappant de constater que les entreprises déjà bien avancées dans le processus affirment que la cybersécurité s’est améliorée grâce à une sensibilisation accrue et à de meilleurs outils.
L'analyse des données est fondamentale pour l'optimisation de la production et le retour sur investissement. Selon les responsables, ces analyses peuvent fournir des informations sur les coûts de production, d'énergie, de maintenance et de logistique, mais, par exemple, également sur les comportements d'achats du client.
Hardware et software
Les investissements pour la transformation digitale seront en grande partie constitués par l’achat de ressources informatiques. On s'attend à consacrer plus de 31% du budget aux logiciels et 27% au matériel. Du côté logiciel, l’infrastructure IdO, la gestion de la chaîne logistique et la sécurité sont des priorités absolues, tandis que du côté matériel, les capteurs intelligents, les passerelles et les historiques de données sont utilisés pour l’acquisition et la distribution de données (de production). Selon les responsables, l’aide des consultants en gestion pour l’élaboration d’une feuille de route pour l’industrie 4.0 nécessite 20% du budget.
Les responsables soulignent que les fournisseurs sont soumis à des exigences plus strictes, car tous les capteurs, machines, lignes de production, salle de contrôle et back-office doivent pouvoir échanger des informations. La préférence est donnée aux fournisseurs ayant une connaissance du secteur, qui peuvent installer des solutions complètes de bout en bout.
Différences sectorielles
Il existe des différences entre les secteurs industriels au niveau des progrès en matière de transformation digitale. L’industrie automobile est à la pointe, ce qui n’est guère surprenant, car elle l’est également pour l’automatisation de la production. Les entrepreneurs de l'industrie automobile ont d'ailleurs mentionné « l'innovation continue » comme principal moteur de la transformation digitale. Dans l'industrie chimique, la protection de l'environnement et la sécurité sont en tête de liste, alors que l'industrie alimentaire et l'industrie pharmaceutique s’intéressent principalement à la demande des consommateurs et aux moyens d’accélérer le développement de produits et la commutation de production. Le secteur pétrolier et gazier est également sur la voie de la transformation digitale. Outre les arguments déjà cités, l’accent est mis principalement sur la réduction des coûts de maintenance et l’optimisation des processus de production.
La région EMEA est en tête de peloton avec 63% des entreprises qui mettent en œuvre des implémentations voire les ont même achevées. Les Amériques du Nord et du Sud suivent avec 42%, tandis que l'Asie se situe au dernier rang avec 31%. « Nous constatons que le secteur industriel belge a fait d’énormes progrès en matière de transformation digitale », a déclaré Jan de Witte, Sales Director Benelux chez Rockwell Automation. « Nous soutenons de nombreuses entreprises dans le développement et la mise en œuvre de ce que nous appelons l'entreprise connectée. Dans ce concept, nous collectons des données de production en temps réel, que nous analysons et utilisons ensuite pour optimiser, par exemple, les processus de production et la maintenance. L'expérience montre une amélioration considérable de la productivité et des économies de coûts remarquables. Nous nous attendons à ce que l'industrie investisse beaucoup au cours des prochaines années dans la transformation digitale, d'autant plus que de nombreuses sociétés de production sont prêtes à remplacer leurs installations et leurs lignes de production actuelles. Cela accélérera encore l’introduction de l’usine intelligente. »